INDE, la foret des attapuchis

On vous avait laisse en plan avec notre projet de brossage d elephant. Certains regrettaient deja les photos, en fait pas d appareil mais pas d elephants non plus. La pluie a eu raison de notre sortie. Grosse pluie toute la nuit, toute la matinee, la ballade est reportee a l apres midi et quand nous arrivons c est termine, on ne peut plus nourrir ni laver les bestiaux... c est l heure de rentrer a l ecurie ! On est tres decu, meme si on a deja assiste a ce genre de toilette et qu on risque d en voir encore mais on de console car en cours de route nous nous sommes arretes dans un village tibetain. Un temple, encore ralent deja les enfants... et la surprise. On tombe en pleine reprise de la priere. Des moines boudhistes on en avait vu un paquet mais de moines boudhistes tibetains par centaines, par milliers... c est tout autre chose. Le chant repetitif de la priere monte en nous doucement et nous envoute. Les grandes trompettes posees au sol lancent des sons ressemblant a des cris humains graves... Ca fait presque peur aux enfants... mais quel pied ! On a l impression de voir quelque chose de rare. Encore un pays a mettre au programme des futurs voyage (la liste s allonge)   (seules photos recuperees)

Du coup, on en oublie les elephants et on rentre ravi de cette immersion au pays du Boudha.

La mousson arrive, et les filles vous racontent leurs impressions :

FAUSTINE : Je suis a Madikeri. Je suis dans une petite cabanas dans la foret. Ce matin au petit dejeuner nous regardons les oies. J etais dans l herbe et puis Emile Mado, papa et moi nous avons eu des sangsues sur les chevilles et papa sur la cuisse. C etait tres froid et puis elle m a suce mon sang. C etait horrible mais en fait ca ne fait pas tres mal. On a mis du sel sur le bobo.

MADELEINE : Ce matin, quand nous sommes alles au petit dej, nous sommes passes par la foret. Nous avons traverse des ponts avec de l eau, nous avons regarde les oies et cause avec elles. Comme il avait plu toute la nuit il y avait des sangsues. J en avais vu la veille et je savais ce que c etait. Nous avons commence a petit dejeuner et Emile commence a se gratter, gratter, gratter puis il se retrouve en slip. Papa trouve une sangsue sur sa cuisse et s empresse de lui enlever. Alors Faustine en decouvre une sur sa cheville et commence a pleurer. C est Ravi ( l indien d ici) qui lui retire. Puis je sens quelque chose de froid sur mon mollet, je releve vite ma patte de pantalon : une sangsue. Heureusement elle ne m a pas mordue. Papaen trouve une sur sa cuisse qui saigne beaucoup comme celle d Emile et Faustine. Nous rentrons a la cabanas et surveillons nos chaussures. Pour soigner les bobos, on met du sel. Nous sommes dans une belle cabane dans la rain forest. Cette nuit il y a eu beaucoup d orage et la pluie a coule sur les vetements d Emile. Son seul gilet etait trempe. Hier on a capture une enorme araignee dans la chambre. La douche est super. Pour la faire chauffer, ils nous mettent du bois et on allume un feu sous le chaudron. Hier papa et maman ont rapporte plein de bons biscuits et friandises. C etait super cool.

C'est un des signes de l arrivee de la mousson ces sangsues. Sujarta et Anugal, nos deux proprietaires de la plantation de cafe ou nous logeons nous l avaient dit: les premieres pluies font sortir les sangsues(appellees attapuchis en tamoul) qui ne se dirigent que par les vibrations produites par nos pas. Elles vivent sous terre et n'ont ni odorat, ni vue, ni ouies, bref l'arme absolue. Mais ce sont des animaux tres utilises pour les soins et de tres grands regulateurs biologiques. Sujarta et Anugal sont tous les deux des biologistes de renommee travaillant sur la macro biologie et la biologie moleculaire. Ils ont developpe leur exploitation il y a plus de 15 ans autour du respect de la nature et de ses elements, insistant sur l interconnexion de l ensemble de la flore et la faune locale. Plus de 300 especes differentes de papillons, une foule de plantes vertes et des arbres fruitiers a profusion(papayer, pamplemoussier, citronnier, manguier, fruit de la passion, pumpkin...) les arbres etant imbriques les uns dans les autres...un petit paradis!!!. De meme, cette region de Coorg est l un des greniers a epices de l Inde avec de la cardamone, de la vanille, du curry et tout plein dont je ne me rappelle plus le nom. Un soir, Sujarta nous expliquera la facon dont ils nourrissent leurs plantes avec du compost maison totalement naturel et qui se fabrique en l espace de quelques jours si l on respecte des regles bien precises. Bien entendu, ils n ont introduit aucune sorte de pesticides ou d'engrais et se battent depuis de longues annees pour que cette regle soit respectee dans la vallee et la grande foret de Madikeri. Malheureusement, depuis quelques temps, des groupes financiers sans scrupules tentent d'installer des complexes perdus dans la foret magique de Madikeri, ce qui briserait a plus ou moins courte echeance cet equilibre paradisiaque reconnu par de nombreux biologistes.

La semaine a donc ete une suite de promenades et ballades diverses au milieu de toutes ces plantations , accompagnees par les explications bien completes de Ravi notre guide local qui travaille aussi sur les plantations. Les journees s'ecoulent tranquillement au rythme du travail du Cned, des lectures et du temps libre pour chacun. On est a l'affut du papillon geant ou de celui qui sera le plus colore, des parties de cache cache dans la jungle, du cueillage de feuilles les plus odoriferes, au ramassage du bois pour faire chauffer le chaudron a eau chaude de la "cabane toilette", une vraie vie calme de Robinson ... On nous apporte les repas dans notre jungle une casserole de riz souvent agremente de riz et de galettes de riz et de poulet ; c'est epice parfois le feu sort de la bouche des enfants, l'occasion d'une grande rigolade mais de facon generale tout le monde supporte plutot bien les epices.

Le soir le coucher est tot et on s'endort au bruit de la pluie ...ou surtout des animaux et insectes en tout genre. Une nuit, c'est un remake de "Apocalypse Now" avec une charge en bonne et due forme d'un escadron de bugs, ces insectes gros comme le pouce qui ressemblent a des scarabees volants, et qui des qu'ils sont plusieurs font le bruit d un helicoptere. On se bat avec eux  et la chambre comme celle des enfants est un vrai champ de bataille car il ne s'agit pas de les tuer mais juste de les faire sortir. Ici on preserve chaque espece car chacun de ces insectes apporte son equilibre dans cette foret. Les enfants s y font meme si parfois la nuit, les angoisses ne sont pas les memes et tout semble plus bruyant, plus pres.

Une petite visite chez le voisin Ludwig installe ici depuis de nombreuses annees pour voir l arbre millenaire (toujours pas de photos) et prendre le cafe avec Lydia, une francaise vivant a Pondichery et mariee a un bengali. Elle est une amie d'une amie en France et nous avait donne quelques tuyaux pour l'itineraire en Inde... Drole de coincidence: on se croise devant la maison de Sujarta !!! elle est venue passer quelques jours au frais et faire des cliches car elle organise des expos et developpe un travail personnel autour du Land Art (art ephemere lie a la nature et a son mouvement). Le temps n est pas assez bon et la pluie recommence de tomber: la session de photos avec les enfants autour de l arbre millenaire n'aura pas lieu (les enfants au nombre de 4 devaient lancer des pigments de couleur autour de l arbre ce qui les enchantaient !!).

Il faut deja penser au depart et aux nombreuses heures de route pour Kochi. On se separe avec Sujarta et Anugal, ravis d avoir decouvert ce havre de paix et de couleurs... et que nous recommandons a tous (Rain Forest Retreat a Madikeri dans le Karnataka).